L’OCDE dénonce le poids des entreprises publiques en Chine

Publié le par chineenmouvement

L’organisation prévient que le pays va devoir s’engager dans de profondes réformes s’il veut maintenir son rang.

Une fois n’est pas coutume. C’est une véritable volée de bois vert que l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) inflige à la Chine dans un rapport rendu public vendredi à Pékin. Certes, l’organisation affirme que la croissance du pays sera de 8,5 % cette année et de 8,9 % en 2014, des chiffres nettement supérieurs aux prévisions du gouvernement, dont l’objectif ne dépasse pas 7,5 % pour 2013 contre les 7,8 % enregistrés en 2012. Mais l’OCDE prévient que la Chine va devoir s’engager dans de profondes réformes si elle veut pouvoir s’afficher comme la première économie mondiale à l’horizon 2016. Angel Gurria, secrétaire général de l’organisation, n’est pas tendre, quelques jours à peine après la mise en place du gouvernement du président Xi Jinping et du premier ministre Li Keqiang. Le pays doit accélérer la réforme de son système financier, élargir l’internationalisation de sa monnaie, le yuan, également appelé renminbi, et en rendre son taux de change plus flexible. Il doit en outre s’ouvrir davantage à l’investissement privé. Au moment où « la concurrence s’intensifie, augmentant la productivité, la propriété étatique doit être réduite dans certains secteurs », prévient le rapport qui dénonce le poids encore beaucoup trop important des entreprises publiques dans l’économie chinoise. Entreprises publiques qui peuvent également représenter un danger à l’étranger. Pékin, dont les investissements à l’extérieur de l’empire du Milieu ont augmenté de 30 % l’an dernier, à plus de 77 milliards de dollars, et bondi de près de 150 % sur les seuls deux premiers mois de 2013 comparés à la même période de l’an dernier, doit faire très attention à ce que les firmes d’État ne deviennent pas des sources de conflit avec ses partenaires commerciaux. « Si dans un pays vous avez des sociétés qui ne sont pas taxées, ne paient pas de dividendes, ne font pas l’objet de contrôles et qu’elles entrent en compétition, ce n’est pas équitable », insiste l’OCDE. Ce virage devra aussi s’accompagner d’une accélération de la compétitivité et de l’innovation des entreprises chinoises, et d’un « renforcement des règles qui régissent l’ouverture de nouveaux secteurs aux investisseurs privés, notamment aux étrangers ». Mais ces réformes ne doivent pas se faire au détriment du bien-être de la population. L’urbanisation en Chine doit en particulier profiter à tous. Il faut non seulement de meilleurs transports et de meilleurs services publics dans les grandes villes, mais encore un accès à la scolarité égal pour tous, souligne l’OCDE. Et d’ajouter que les enfants des travailleurs migrants « doivent être autorisés à s’inscrire dans les écoles et les universités où vivent leurs parents ». Une remise en question claire et nette du « hukou » de Mao Zedong qui empêche toujours les Chinois de circuler librement. Enfin, préconise l’Organisation de coopération et de développement économiques, la Chine doit également se tourner davantage qu’elle ne le fait vers une « croissance verte » et, en particulier, « imposer des taxes sur les émissions de CO2 ».

 Rodier Arnaud, Le Figaro du 23 mars 2013

Publié dans ECONOMIE

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