Une Chine trop chère ?

Publié le par chineenmouvement

L’ère des robots. La Chine entre dans un nouvel âge : celui non plus de l’industrialisation (symbolisé par le « fordisme », précise 21st Century Business Review ; la chaine d’assemblage avec un ouvrier à chaque tâche) mais celui de la robotisation. En résumé : les machines produisent, l’homme supervise.

A Zhusanjiao (珠三角, équivalent du delta de la rivière des Perles en mandarin), « la machine commence à prendre la place de l’homme », révèle d’ailleurs un reportage publié début juin dans The Economic Observer. « Depuis la crise de 2008, beaucoup d’entreprises de la région ont fait faillite {…} à cause de l’augmentation des salaires, celle des matières premières et à cause du manque de main d’œuvre », explique Yang Xinyun, l’auteur de l’article. Aussi de plus en plus d’entrepreneurs locaux font-ils le choix – lorsqu’ils en ont les moyens - de robotiser leurs lignes de production, comme Liu Jialun, patron d’une entreprise de textile qui a remplacé une partie de son effectif par des machines… L’hebdomadaire cite en exemple la ville manufacturière de Dalang, près de Shenzhen dans laquelle sont aujourd’hui installés quelque 30000 machines ou robots contre moins de 1000 en 2008. Pour The Economic Observer, cette « mue » participe à la restructuration industrielle inévitable pour le pays qui cherche à revaloriser son label « made in China ».

Un million de robots chez Foxconn

L’éditorialiste Wu Bofan, lui, du 21st Century Business Review, s’interroge sur l’impact économique de ce changement. Robotisation, revalorisation des salaires, crise financière en Europe… Autant de facteurs qui gomment peu à peu l’image « low cost » qu’avaient jusqu’alors le Guangdong et les autres grandes zones de production chinoises. A tel point que de plus en plus d’entreprises étrangères implantées sur place envisagent quitter la Chine ; « retourner dans leur pays d’origine », note-il. « Une dernière recherche (il ne précise pas laquelle, ndlr) indique que 40 % des entreprises américaines présentent en Chine envisagent délocaliser leurs usines aux US ».

Et de répéter que d’autres – à défaut de fermer leurs usines chinoises – ont déjà sacrifié de la main d’œuvre contre des « machines intelligentes ». C’est le cas du géant Foxconn qui indiquait l’année dernière vouloir remplacer sur 3 ans 500000 de ses ouvriers chinois par un million de robots… « L'assemblage des pièces, la soudure des composants mais aussi la peinture des produits seront assurés presque exclusivement par des automates », précisait Le Point l’été dernier. Idem pour la marque Rapoo, spécialisée dans les équipements wireless (sans fil) qui « a introduit des robots l’an dernier sur ses lignes de production » dans le Guangdong, explique Wu Bofan. Les effectifs de l’usine ont fondu comme neige au soleil, passant de 3000 à 1500 salariés. Pour l’éditorialiste, « la troisième révolution industrielle (robotisation) » n’est donc pas une vague « prophétie » de quelques économistes futuristes. Elle « est en train de s’accomplir ». Ce qui constitue dans le cas de la Chine un vrai tournant. Saura-t-elle le négocier, s’interroge Wu. Elle pourrait y perdre, insiste-t-il, « les avantages » qui ont fait d’elle, longtemps, « l’usine du monde »…

Chine-plus 11/06/2012

Publié dans ECONOMIE

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