Zhou Xiaochuan, le grand argentier
Il est l’un des hommes les plus puissants de l’Empire et vient ce lundi de prendre à nouveau du galon. Zhou Xiaochuan, fils d’un ancien ministre de l’industrie et actuel gouverneur de la Banque
centrale a en effet été élu, relate Reuters, « vice-président du principal organe consultatif du
Parlement {chinois} ». Une place qui « conforte sa position à la tête de la banque centrale » qu’il dirige depuis 2002, alors que son avenir « était incertain depuis novembre
2012, relate l’agence de presse anglaise, car il n'avait pas été inclu parmi les 205 membres du Comité central du Parti communiste (PCC), à l'issue de son XVIIIe congrès, qui a vu l'arrivée
d'une nouvelle génération de dirigeants ». Le Wall Street Journal laissait d’ailleurs entendre fin février que M. Zhou avait reçu le soutien de Jiang Zemin, avec qui il avait travaillé
avant de rejoindre la Banque centrale. Et Reuters de poursuivre : « une source proche des dirigeants chinois a néanmoins
reconnu le mois dernier que Pékin avait besoin de Zhou Xiaochuan pour achever les réformes entamées depuis son arrivée à la tête de la {Banque centrale}, et qui ont notamment conduit à
libéraliser certains taux d'intérêt et à détacher le yuan du dollar ».
LA GUERRE DES QUOTES-PARTS
Depuis plus de dix ans, ce diplômé de l’université pékinoise de Tsinghua (comme Hu Jintao) est ainsi chargé de dicter la politique monétaire de son pays, devenue depuis la deuxième économie
mondiale, et d’affronter sans sourciller les injonctions régulières – américaines surtout – sur la réévaluation de « la monnaie du peuple » (renminbi en mandarin ou yuan). C’est également lui
qui en 2009, en marge du G20 à Londres, proposait une alternative au « règne » du dollar dans l’économie mondiale avec une nouvelle monnaie de réserve mondiale, estimant que la crise doit
accoucher « d’une réforme créative du système monétaire international actuel ». Lui aussi qui a poussé à une réforme des quotes-parts qui devrait permettre à la Chine d’obtenir 6,39%
au sein du FMI (contre 3,7% actuellement). Objectif pour Pékin : renforcer son influence au sein des institutions monétaires comme le FMI, défendre au passage les intérêts des autres « poids
lourds » sous représentés (Brésil, Inde en tête), et se conduire en bon élève pour contrer un système américain, devenu vulnérable. Zhou Xiaochuan est considéré comme l’homme clé de cette
politique offensive.
ARTISAN DE « LA MODERNISATION DU SYSTÈME FINANCIER »
Classé en 2011, 15ème des personnalités les plus puissantes au monde par Forbes (juste avant Wen Jiabao et devant Hillary Clinton), il est
également, reconnaît Les Echos, l’artisan « de la modernisation du système financier par la libéralisation des taux
d'intérêt. ». En le maintenant à la tête de la banque centrale, les autorités chinoises « envoient un signal important de la volonté de continuer les réformes » estime Bei Xu,
économiste de Natixis, cité par le quotidien économique français. « Sur sa feuille de route, explique Les Echos, figure notamment l'amélioration de l'efficience du système bancaire et,
toujours, l'internationalisation du renminbi » Il pourrait aussi mettre en place, notait Xinhua la semaine dernière, « des outils pour promouvoir l’urbanisation ». Pas de repos en vue.
12/03/2013 CHINEPLUS