La dernière révolution chinoise: des services médicaux de base pour tous

Publié le par chineenmouvement

Le 6 avril 2009, la Chine a dévoilé un plan d’action pour mener une réforme radicale et ambitieuse des soins de santé afin d’instaurer une couverture universelle de l’assurance santé d’ici à 2020. Trois ans plus tard, le pays a presque atteint son objectif. Quel est le secret de cette réussite?

BEIJING (OIT Info) – En un peu plus de trois ans, la Chine a réussi à étendre l’accès aux soins de santé de base à plus de 95 pour cent de sa population de 1,35 milliard d’habitants.

«Cela s’est fait essentiellement par l’expansion de la couverture d’assurance santé et par l’amélioration de l’accès à des services et équipements médicaux réformés et renforcés à l’échelle du pays», a déclaré Aidi Hu, spécialiste principale de la sécurité sociale chinoise à l’Organisation internationale du Travail (OIT).

L’objectif de la réforme – dont le coût total est de 850 milliards de yuan chinois, soit environ 133,5 milliards de dollars des E.-U. – était de parvenir à une couverture universelle des soins de santé pour l’ensemble de la population d’ici à 2020. Cependant, la portée et le rythme des changements font davantage penser à une révolution qu’à une réforme.

Il y a dix ans seulement, la couverture de l’assurance santé était principalement réservée à ceux qui travaillaient en zone urbaine dans le cadre d’une relation contractuelle employeur-employé. En 2003, et à nouveau en 2007, le gouvernement a créé deux mécanismes pour étendre la couverture aux populations rurales et aux citadins qui ne travaillent pas.

Premièrement, le budget de la santé a été augmenté de 30 pour cent par an, entre 2008 et 2011. Une bonne partie de ces ressources a été investie dans la formation du personnel et l’amélioration des services de santé locaux.

Le gouvernement a également investi 63 milliards de yuan dans les régions rurales afin de financer la construction et l’amélioration de plus de 2200 hôpitaux cantonaux, de quelque 6200 cliniques communales et 25 000 dispensaires de village. La somme de 4,15 milliards de yuan a été injectée dans les zones urbaines afin de soutenir la mise en place et le renforcement de 2400 centres de soins de santé communautaires.

De même, il a financé 127 centres de formation où 36 000 soignants ont reçu une formation de médecin généraliste. Plus de 10 000 étudiants en médecine ont été admis dans diverses facultés de médecine pour y être formés gratuitement. Ces étudiants ont continué à travailler dans les cliniques communales des régions les moins développées du centre et de l’Ouest de la Chine.

En outre, les médicaments de base sont vendus au même prix à travers tout le pays. Cette politique empêche les hôpitaux de surfacturer leurs patients. Il a aussi été demandé aux firmes pharmaceutiques de commencer à répondre à des appels d’offre, ce qui a permis de réduire de 30 pour cent le prix des médicaments de base.

 
Aider les «trois sans»
Le nouveau système est particulièrement destiné aux personnes sans ressources, sans capacité de travailler et sans personne pour les prendre en charge (ceux que l’on désigne comme les «trois sans»). Il leur donne également droit à un égal accès aux soins de santé de base.

L’ancien système était inaccessible à la plupart des ruraux et des citadins sans emploi, ainsi qu’aux personnes âgées ou handicapées. Dorénavant, les pouvoirs publics locaux couvrent entièrement les cotisations d’assurance santé pour cette dernière catégorie.

L’expansion rapide de l’assurance santé en Chine peut aussi être attribuée à la Loi sur l’assurance sociale de 2010 pour laquelle l’OIT a apporté son assistance technique.

«Grâce à l’expansion de l’assurance santé dans le pays le plus peuplé du monde, le déficit mondial de sécurité sociale a été comblé de manière significative», a déclaré Mme Hu.

«L’expérience chinoise montre que la volonté politique et l’engagement financier jouent un rôle primordial pour étendre les régimes d’assurance santé aux groupes sociaux vulnérables. Elle peut servir d’exemple de bonne pratique pour d’autres pays qui se trouveraient dans une situation analogue», conclut Mme Hu.

Mais la spécialiste du BIT avertit que «certains assurés – bien que recevant des subsides du gouvernement – ne sont toujours pas en mesure de bénéficier de cette couverture puisqu’ils continuent de prendre en charge une part importante des coûts des traitements médicaux et qu’ils ont un accès restreint à des services de soins de qualité. Cela est particulièrement vrai dans les campagnes où l’on ne compte que 1,32 soignant pour 1000 habitants contre des taux de 8 et 20 pour mille au Brésil et en Suisse respectivement.»

Le vieillissement rapide de la population chinoise constitue un autre défi. La proportion de la population âgée de 65 ans et plus va passer de 8 pour cent aujourd’hui (environ 100 millions de personnes) à environ 14 pour cent en 2025 (atteignant quelque 200 millions). Le nombre personnes âgées fragiles et malades va augmenter d’autant et avec lui les coûts pour le système d’assurance santé.

Un nouvel accord de partenariat entre l’OIT et la Chine a été signé en juin 2012. Dans le cadre de cet accord, l’OIT et la Chine vont renforcer leur coopération, y compris dans le domaine de l’assurance sociale, contribuant ainsi à l’expansion de la sécurité sociale à l’échelle mondiale.
 
Reportage | 3 septembre 2012 OIT

 

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