Les États-Unis et la Chine, main dans la main contre le changement climatique ?

Publié le par chineenmouvement

Quinze ans après le protocole de Kyoto, les deux champions de la pollution veulent travailler de concert afin de mieux lutter contre les gaz à effet de serre.
 

La semaine dernière, le secrétaire d'État américain John Kerry ne s'est pas seulement rendu en Asie pour désamorcer le conflit entre les deux Corées. Le 13 avril, il a cosigné avec son homologue chinois Wang Yi un discours très engagé en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, qui doit déboucher sur une coopération renforcée entre les deux pays en la matière.

Volontarisme

Les États-Unis ont longtemps été le plus gros pollueur de la planète : hors de question de signer le protocole de Kyoto pour ce qui était, du temps de l'administration Bush, une non-question. Le gouvernement chinois a quant à lui bien souscrit ce traité, mais n'a pas eu à se fixer d'objectif contraignant... À eux deux, ces pays cumulaient plus de 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2010, selon l'Agence internationale de l'énergie. L'Europe s'est souvent sentie bien seule dans ses avancées, même maigres, en faveur du climat.

Par cette prise de position commune, les choses sont peut-être en train de changer. Même si ce ne sont que des mots, ils sont assez forts pour être soulignés : "Les deux pays notent avec une attention particulière le consensus scientifique écrasant à propos du changement climatique dû aux activités humaines et de ses effets néfastes. [...] Étant donné l'accélération de ce changement et l'urgence des efforts à déployer [...], une action vigoureuse au niveau national par les États-Unis et la Chine - incluant une coopération à grande échelle - est plus critique que jamais", lit-ondans ce discours conjoint.

Les deux ministres ajoutent même, déterminés, qu'une "telle action est cruciale pour à la fois contenir le changement climatique et devenir un exemple puissant qui pourra inspirer le reste du monde". Les États-Unis du gaz de schiste et la Chine aux cours d'eau carcinogènes à la pointe du combat environnemental ? Voilà qui détonne. "Sur le papier, c'est une déclaration assez ambitieuse, qui pose plusieurs objectifs concrets", explique Xin Wang, chercheur en politiques énergétiques et climatiques à l'Institut du développement durable et des relations internationales.

Des actes à préciser

Un groupe de travail est d'ores et déjà à l'oeuvre pour approfondir les échanges de techniques et de connaissances en faveur d'une croissance plus faible en carbone. "Le gouvernement chinois doit répondre à une pression sociale de plus en plus forte sur des questions de pollution locale, souvent reliées aux émissions de gaz à effet de serre", détaille le scientifique. À ce titre, "le pays représente un énorme marché pour les technologies vertes américaines, plus matures et déjà au point".

Le calendrier de coopération prévoit que les deux partenaires arrêtent en juillet le contenu final de cet accord. Qu'il se contente du minimum ou soit au contraire un "exemple puissant" pour les autres pays, ce rapprochement entre les deux pays est aussi et d'abord un signal fort à deux ans de la signature du nouveau pacte mondial censé remplacer les objectifs fixés à Kyoto. Que l'Europe ne s'y trompe pas : rien ne s'y décidera sans un large consensus entre ces deux puissances-là.

Le Point.fr - Publié le 18/04/2013 

 

Publié dans ECOLOGIE

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